Les livraisons du vélo électrique next-gen du trio Marc Simoncini, Jules Trecco (les deux boss du fonds d’investissement Jaïna Capital) et Ora-Ïto (responsable du design d’Angell Bike) tournent à plein régime. Vous le prenez en total-look black ou silver ?
Le projet Angell a deux ans et demi. Sa genèse a-t-elle été compliquée ?
Jules Trecco : Avec Marc, on s’est rapidement retrouvés autour d’une passion commune : le vélo et la mobilité douce. Très vite, on a commencé à plancher sur un vélo électrique et le projet a commencé dès janvier 2018. On s’est dit qu’on allait développer en France le meilleur vélo du monde.
Marc Simoncini : Le constat sur lequel on a parié, c’est que les villes n’allaient pas rester telles qu’elles étaient. On voulait fournir un vélo capable de remplacer les quelques kilomètres qu’on fait usuellement en voiture pour aller au travail. Le problème, c’est que pour switcher d’une voiture à un vélo électrique, il faut enlever les deux principaux éléments que sont le vol et la sécurité. Pour pouvoir braver ce problème, on s’est dit qu’on allait bourrer le vélo de logiciels et d’électronique pour qu’il devienne quasiment involable et soit plus sûr pour l’usager. Ça nous a fait inventer le smart bike.
Les premières livraisons étaient attendues depuis assez longtemps, le produire a été plus compliqué que prévu ?
J.T. : Le Covid a amené une double contrainte sur l’univers du cycle. On assemble en France mais certaines pièces viennent d’Asie. Il y a eu la fermeture des usines en Asie puis le confinement qui a entraîné en cumuler cinq mois de retard.
M.S. : Il a fallu répondre à la demande, malgré un marché des transports maritimes et aériens plus qu’encombré. On se bat au quotidien pour essayer de réconcilier demande et offre.
Et comment s’est fait le partenariat avec Seb ?
J.T. : Le groupe Seb a investi dans notre société lors de notre première levée de fonds et c’est notre partenaire industriel unique sur l’assemblage des vélos. On s’enrichit mutuellement de nos expériences. Même si la livraison a débuté avec du retard en août 2020, notre montée en cadence est plus agressive que si on avait été seuls dans notre coin à monter notre usine.
Ça vous a donné envie de poursuivre dans la manufacture ?
M.S. : Non, plus jamais ça !
J.T. : D’un point de vue industriel, c’est une démarche compliquée. En plus de ça, c’est une démarche complexe avec cette contrainte de créer en France.
Connecté, urbain et novateur.
Pas évident cette année 2020 pour les start-up…
M.S. : Évidemment, il y a des start-up de l’ancien monde qui ne sont plus possibles dans le nouveau monde. Par exemple, on a financé une entreprise qui permettait de survoler Paris dans un casque de réalité virtuelle avec un jet-pack simulé. Cette attraction était destinée à des touristes essentiellement chinois, et elle va s’écouler quelques années avant qu’ils ne reviennent à Paris… À l’opposé, il y a des start-up qui ont profité de la crise du Covid, et Angell en est une parce que les gens se sont rués sur l’achat des vélos électriques.
Dans votre façon d’aborder les dossiers, quelle est la première question que vous vous posez aujourd’hui et quelle était la première question que vous vous posiez avant ?
M.S. : La première question qu’on se pose toujours, c’est : est-ce que l’activité de la start-up est compatible avec nos valeurs et avec le monde tel qu’on souhaite qu’il devienne ? La deuxième question : est-ce que c’est toujours d’actualité dans le monde dans lequel on est ?
Vos investissements au cours de l’émission de M6 vous ont rendu plus riches, ou plus pauvres ?
M.S. : C’est une question à laquelle on ne peut jamais répondre, car il faut avoir attendu d’avoir vendu la dernière société qu’on a financé.
J.T. : En regardant l’émission, on avait les yeux rivés sur Angell et son développement. Ça nous rajoute encore plus d’énergie et de motivation. C’est plus revigorant qu’autre chose et ça amène une vitrine à la marque.
À quand le scooter ou la voiture Angell ?
J.T. : Pour être honnête, on y avait déjà pensé. On va déjà essayer d’aller au bout de toutes les idées qu’on a pour ce vélo, et il en reste beaucoup…
M.S. : Quand on voit la longueur des cycles industriels, je pense qu’il serait un peu présomptueux d’essayer de faire autre chose pour le moment. C’est sûr qu’Angell peut devenir une boîte globale qui produit des moyens de locomotion innovants, mais ce sera sûrement mon successeur qui s’en chargera !
Un conseil pour nous, les futurs entrepreneurs de la Génération Z ?
J.T. : Les opportunités dans la tech vont croître de manière exponentielle, quelles que soient les contraintes et quel que soit le contexte. Il faut arriver au maximum à insuffler une énergie d’entrepreneur et montrer que rien n’est impossible du moment qu’on a la motivation. L’essai n’a jamais tué personne, il faut persévérer !
M.S. : Je donnerais deux conseils dans cet univers professionnel. D’abord, j’inciterais tous les jeunes à essayer d’apprendre à coder. Comprendre comment ce monde fonctionne, c’est savoir comment le digital est créé et comment les ordinateurs travaillent. Mon deuxième conseil, c’est qu’à 20 ans, il ne faut jamais écouter les conseils…